Voyage au fond de l’oubli-Alzheimer

par | Troubles de santé

Alzheimer : approche complémentaire en naturopathie

Lorsqu’on m’a approché pour écrire un article sur l’Alzheimer, je me suis demandé quel angle je devais prendre pour vous intéresser. Après réflexion, j’ai décidé de garder le même angle dramatique et personnel que j’avais pris en 2010 pour faire une présentation devant les membres de l’ANAQ.

Pourquoi dramatique? Ceux et celles qui ont eu un proche atteint de cette terrible maladie savent à quel point c’est dramatique. Le déclin propre à l’Alzheimer est souvent vécu comme un deuil à répétition à chaque visite de la personne atteinte. Comme naturopathe, nous devons pratiquer notre écoute et aider autant la personne atteinte que les proches.

C’est également dramatique que l’industrie pharmaceutique soit prise dans un carcan uni factoriel (une maladie=un médicament), alors que L’Alzheimer est une problématique multi factorielle.

Heureusement, depuis 2010, les connaissances ont beaucoup évolué et plusieurs médecins se préoccupent des différents facteurs promoteurs de cette maladie. Je ne prétends pas tout savoir sur le sujet, je veux simplement vous partager le fruit de mes recherches.

Est-ce bien de l’Alzheimer?

Il n’existe pas une démence mais différents types de démences dont :

  • la démence vasculaire cérébrale,
  • la démence à corps de Lewy,
  • la démence frontotemporale,
  • la déficience cognitive subjective (SCI),
  • la déficience cognitive légère,
  • la démence de Korsakoff
  • et l’Alzheimer

Ce qu’elles ont en commun : un lent déclin cognitif entraînant une perte d’autonomie significative chez la personne atteinte. Différentes fonctions cognitives peuvent être affectées dont :

  • la mémoire,
  • les capacités de langage,
  • d’écriture et de lecture,
  • la capacité de suivre une conversation,
  • de raisonner,
  • ou encore de calculer.

La démence est un trouble et ne fait pas partie du vieillissement normal.

Concernant l’Alzheimer, voici quelques statistiques pour mieux comprendre l’ampleur de cette maladie:

  • 1 à 2% de la population en est atteint
  • 20% des personnes de 85 à 89 ans et 40% des personnes de plus de 90 ans
  • 50% des enfants dont un parent est atteint développent la maladie
  • 65% des gens atteints d’Alzheimer sont des femmes
  • 40 à 75% des aidants naturels développent des troubles psychologiques

Dans un contexte de population vieillissante, on comprend que sa prévalence dans nos sociétés ne fera qu’augmenter.

Description de l’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer est la plus courante des démences. Elle serait à l’origine de 60 à 70 % des cas. La maladie d’Alzheimer se caractérise à ses débuts par la perte de la mémoire à court terme :

  • oubli de ce qui vient d’être dit, entendu, vu,
  • perte de reconnaissance faciale,
  • de noms, de lieux, etc

Par la suite, les fonctions cognitives se dégradent :

  • le raisonnement de la personne devient déficient,
  • elle se désintéresse de ses activités habituelles comme la lecture,
  • elle a du mal à suivre les conversations complexes,
  • ou à suivre un film comportant une intrigue compliquée,
  • son vocabulaire baisse,
  • certaines tâches du quotidien deviennent difficiles à effectuer, ce qui peut générer de l’anxiété,
  • son sommeil se dérègle,
  • et finalement la personne atteinte ne peut plus prendre soin d’elle- même (s’habiller, se laver, manger, etc…).

Quels sont les facteurs contribuant au développement de l’Alzheimer?

Ces facteurs sont nombreux, en commençant par le facteur génétique. Il existe plusieurs variantes du gène APOE qui sont en lien avec des probabilités d’Alzheimer.

Les autres facteurs promoteurs sont pratiquement tous liés à nos habitudes ou à notre hygiène de vie.

Tabagisme et alcool

Si vous êtes fumeur, vous avez 45% plus de risques de développer l’Alzheimer. Encore plus si vous consommez de l’alcool (incluant le vin) plusieurs fois par semaine. La modération a bien meilleur goût.

Activité physique

La plupart des gens dans notre société sont plutôt sédentaires. Le manque d’exercice est en lien avec la résistance à l’insuline (diabète), les problèmes cardiaques, le déclin cognitif, l’hypertension artérielle, etc.

Les études montrent que les personnes dont l’activité physique est régulière et soutenue présentent un risque moindre d’être atteintes de maladies neurocognitives. De plus, en cas de maladie, l’activité physique régulière pourrait ralentir son évolution par rapport aux personnes sédentaires souffrants eux aussi d’Alzheimer.

Si vous êtes inactif depuis longtemps, commencez doucement. Une marche de 20 à 30 minutes trois à quatre fois par semaine fait déjà une différence. Augmentez la durée et la vitesse graduellement, mettez-vous au défi en téléchargeant une application pour suivre vos données (distance, temps, vitesse/km), et pourquoi pas, invitez des amis, votre entourage ou vos voisins à vous accompagner!

Alimentation

Des études suggèrent que la diète de type méditerranéenne pourrait diminuer le risque de développer un trouble des fonctions cognitives. Celle-ci est basée sur une abondance de végétaux, de grains céréaliers entiers, de bons gras (provenant des produits de la mer, des noix et des graines ainsi que de l’huile d’olive), de protéines de sources variées dont les poissons, la volaille, les œufs et les légumineuses, de peu de viande rouge et encore moins de sucreries.

Inversement, il a été démontré que vous êtes plus à risque de développer l’Alzheimer:

  • si vous mangez de la viande presque tous les jours,
  • si les légumes ne vous attirent pas,
  • si vous mangez peu de petits fruits comme les bleuets, les framboises, et les mûres,
  • et si votre alimentation est trop riche en glucides: le trio Pain-Pâtes-Patates plus les sucres en tout genre, favorise l’inflammation.

L’inflammation

C’est incroyable que dans ma pratique, je vois autant de personnes vivant avec de l’inflammation dans leur corps et le prendre comme une fatalité. Celle-ci est néfaste pour l’ensemble de la santé cardio-métabolique. Or, au niveau de notre cerveau elle favorise la formation de plaques sur les neurones, ainsi que leur destruction.

Nos habitudes de vie influencent directement notre niveau d’inflammation. Par exemple, la résistance à l’insuline alimente l’inflammation partout dans le corps et aussi dans le cerveau. Une saine hygiène de vie permet d’améliorer sa sensibilité à l’insuline.

Et, dans les produits naturels, il existe une panoplie de choix pour aider à équilibrer l’inflammation. Pensons au curcuma /curcumine molécule active du curcuma, au collagène, au boswellia, au gingembre, et une combinaison de plusieurs de ces substances, sans oublier le NEM, certains mélanges de terpènes, l’extrait d’avocat et j’en passe.
Une note cependant, ce sont des produits naturels, ce ne sont pas des médicaments qui commence à faire effet en quelques minutes! Vous pouvez obtenir des résultats à terme, de quelques jours à deux mois.

ATTENTION! Si vous prenez des médicaments, lisez bien les contre-indications sur l’étiquette du produit naturel ou consultez un.e naturopathe agréé membre de l’ANAQ.
Et parlez-en toujours à votre médecin traitant.

Les fameux omégas 3

Les omégas 3 peuvent contribuer à réduire les réactions inflammatoires. La DHA est un des Omega 3 ayant un effet thérapeutique indéniable sur le cerveau. Elle permet la transmission plus efficace des signaux entre les neurones. De plus, elle réduirait la norépinéphrine, une substance de la famille de l’adrénaline qui fait que votre cerveau vous bombarde de toutes sortes d’idées qui vous empêchent de dormir.

Une métanalyse récente a conclu à son efficacité pour diminuer les risques de développer l’Alzheimer, à un dosage de 1 gramme par jour. Bien sûr, vous pouvez manger du poisson ou des aliments végétaux comme l’huile de lin, de chia ou de chanvre, mais pour avoir une quantité significative d’Omega 3, il existe maintenant sur le marché des suppléments d’Omega 3 sous forme de monoglycérides, facilement absorbables.

L’importance des vitamines et minéraux

On devrait s’assurer de manger suffisamment de bonnes sources de vitamines B, particulièrement l’acide folique et la B12, plus difficile à absorber pour certaines personnes. Ces deux vitamines ainsi que la choline sont présentes dans les œufs. Les avocats sont aussi une bonne source de choline.

La vitamine C n’est pas seulement dans les oranges, elle l’est aussi dans les poivrons, particulièrement les rouges. La vitamine E présente dans les huiles végétales comme l’huile d’olive et le magnésium dans les légumes verts, surtout à feuilles.

La vitamine D est intéressante du fait qu’elle se comporte comme une hormone dans notre corps. Une hormone qui régule plusieurs réactions rapides comme les contractions musculaires ou la libération d’adrénaline, entre autres, mais ce qui m’intéresse ici, c’est qu’elle interfère avec l’expression d’un gène de l’inflammation.

Tous ces nutriments mentionnés participent à la santé en général, dont celle du cerveau. Vous trouverez facilement sur internet les sources alimentaires de ces nutriments. Une supplémentation peut être indiquée dans certains cas.

Autres facteurs promoteurs

Bactéries et levures

Les infections bactériennes ou à levures non soignées comme Herpès simplex -1, Borrelia (maladie de Lyme), P. gingivalis , candida albicans alimentent aussi l’inflammation.

Facteurs environnementaux

Les métaux lourds peuvent avoir un impact sur la santé cognitive: mercure, aluminium, plomb, cadmium, arsenic, titane.

Le mercure détruit les neurones;
L’aluminium est un minéral neurotoxique. Le papier d’aluminium comme les poêles en fonte d’aluminium libèrent de l’aluminium lorsqu’en présence d’un liquide acide. Une sauce au vin blanc, par exemple. Les feuilles d’aluminium en libèrent encore plus.
Le fluor augmente la biodisponibilité de l’aluminium.
Et ajoutons les moisissures qui, en générant des mycotoxines, favorisent un état inflammatoire.

Facteurs métaboliques

Hormones thyroïdiennes (rT3, T3), prégnénolone, testostérone, estradiol bas. Il est important de demander à votre médecin de faire doser ces hormones. En effet, il a été remarqué que les personnes de 65 ans et plus, atteintes d’hypothyroïdie, ou les hommes avec un taux de testostérone bas, sont plus de risque de développer une démence, en comparaison aux personnes du même âge ayant des taux d’hormones normaux.

Conclusion

Maintenant que vous avez lu cet article, vous vous demandez peut-être par où commencer. Reprenez depuis le début et regardez ce que vous pouvez contrôler dans ce qui est mentionné comme facteurs promoteurs. Pour vos repas, mettez-vous au défi de manger de trois à cinq légumes de différentes couleurs pour deux repas dans votre journée. Jouez à Sherlock Holmes pour débusquer les métaux toxiques de votre environnement immédiat. Combattez les infections et l’inflammation, etc.

Un cadeau pour terminer

Les avancées de la neuro science nous ont fait comprendre que lorsqu’un neurone meurt, c’est terminé pour lui. Cependant, notre cerveau met en branle un mécanisme appelé Nerve Growth Factor (facteur de croissance du neurone). Certains exercices ont été mis au point pour favoriser la création de nouvelles connections neuronales, prenant la relève de celles qui ont été détruites. Pour effectuer ces exercices, rendez-vous sur le site qui s’appelle BrainHQ:

Références :

Il existe des tests génétiques pour savoir si vous êtes porteur d’un gène relié à l’Alzheimer. Le plus connu est :  https://www.23andme.com/en-ca/?gad_source=1

Hamer M., Chida Y. (2009). Physical activity and risk of neurodegenerative disease: a systematic review of prospective evidence. Psychol Med. 39(1): 3-11.

Guure C. B., Ibrahim N. A., Adam M. B. et al. (2017). Impact of Physical Activity on Cognitive Decline, Dementia, and Its Subtypes: Meta-Analysis of Prospective Studies. Biomed Res Int. 2017

Singh B et coll., Association of Mediterranean diet with mild cognitive impairment and Alzheimer’s disease: A systematic review and meta-analysis. J Alzheimers Dis

Hamazaki, T. et al. Le DHA diminue significativement la concentration de Norépinéphrine, Anti-stress of DHA, Biofactors 2000

Wei, B. et al. (2023), The relationship of omega-3 fatty acids with dementia and cognitive decline: evidence from perspective cohort studies of supplementation, dietary intake, and blood markers”, The American Journal of Clinical Nutrition.

Thvilum M, Brandt F, Lillevang-Johansen M, Folkestad L, Brix TH, Hegedüs L. Increased risk of dementia in hypothyroidism: A Danish nationwide register-based study. Clin Endocrinol (Oxf). 2021 Jun;

Lv W and al. Low Testosterone Level and Risk of Alzheimer’s Disease in the Elderly Men: a Systematic Review and Meta-Analysis. Mol Neurobiol. 2016 May

Michel Le Comte, ND.A.

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