Mieux vivre avec Parkinson au naturel

par | Troubles de santé

Mains personnes âgées

« Mieux vivre avec Parkinson au naturel » © une approche en santé naturopathique novatrice et complémentaire à la médecine allopathique

En ce début d’année 2024, je pense pouvoir affirmer qu’il y a un consensus scientifique pour dire qu’une hygiène de vie adéquate est essentielle à la préservation et/ou à l’optimisation de notre capital santé. Mettre en place de saines habitudes de vie diminuerait le risque d’apparition de maladie comme la maladie de Parkinson dont nous allons discuter ensemble ici.

J’ai donc envie de vous poser la question posée le mois dernier à mes auditeurs de podcast :

« Pourquoi le bien-être et/ou l’optimisation de votre bien-être ne serait pas tout aussi important, si ce n’est plus important encore, lorsque votre médecin diagnostique la maladie de Parkinson, une pathologie chronique ? »

J’aimerais que vous gardiez cette question en tête comme un fil rouge que nous allons dérouler ensemble au fur et à mesure de cet article.

La maladie de Parkinson ou un triste record mondial

La maladie de Parkinson est une pathologie chronique neurodégénérative entraînant, en surface, un trouble du mouvement. Elle a malheureusement le triste record d’être la pathologie neurologique dont le nombre de cas a le plus augmenté entre 1990 et 2015 sur le plan mondial. Cela s’explique en partie par le vieillissement de la population mais nous aborderons un peu plus tard la triade de facteurs prédisposant à l’apparition de Parkinson même si l’étiologie précise demeure encore inconnue.

Quelques chiffres :

  • la prévalence du Parkinson a doublé au cours des 25 dernières années
  • c’est la deuxième maladie neurodégénérative après l’Alzheimer qu’on appelle de plus en plus aujourd’hui le diabète de type 3.
  • 25 personnes/jour reçoivent le diagnostic de Parkinson au Canada
  • entre 2011 et 2031, le nombre de canadiens affecté devrait doubler pour dépasser 163 700 canadiens
  • 85% des personnes atteintes ont plus de 65 ans
  • 5 à 10% représente la forme de Parkinson précoce soit diagnostiquée avant l’âge de 40 ans
  • elle est 1.5 fois plus fréquente chez les hommes que chez les femmes.

Physiopathologie de la maladie de Parkinson

Cette condition se caractérise par une perte progressive des neurones dopaminergiques de la substance noire du cerveau. La dopamine est un neurotransmetteur impliqué dans le contrôle de nombreuses fonctions comme les mouvements volontaires, la cognition, la motivation et les affects. Cette dégénérescence neuronale serait liée à l’accumulation et à l’agrégation anormale d’une protéine cérébrale appelée alpha-synucléine.

On constate également une dysfonction mitochondriale; un organite présent dans chacune de nos cellules et dont le rôle est la production d’énergie.

50 à 80% des personnes atteintes présenterait aussi une insulinorésistance (mauvaise régulation de la glycémie).

Diagnostic et évolution de la maladie de Parkinson

Elle est très souvent diagnostiquée lorsqu’environ 50 à 80% de la substance noire est détruite. L’évolution est lente et progressive mais quelques prodromes sont évocateurs :

  • fatigabilité,
  • constipation,
  • crampes musculaires.

Au fur et à mesure, cela affecte les capacités de mouvement mais la sphère cognitive et émotionnelle sont également impactées.

La symptomatologie diffère d’une personne à l’autre mais on retrouve :

  1. des symptômes moteurs : dyskénies douloureuses, tremblements, crampes/raideurs et douleurs musculaire, perte d’équilibre, constipation, festination (blocage à la marche avec piétinement), dysphagie et déglutition perturbée
  2. des symptômes non-moteurs : fatigue et agitation, trouble du sommeil voire insomnie, trouble de l’humeur, état anxieux et/ou dépressif, difficulté de concentration, trouble de la mémoire et perte d’odorat.

Causes et facteurs de risque

L’étiologie demeure inconnue mais « un faisceau de causes épigénétiques, environnementales, alimentaires, comportementales, sans omettre certaines susceptibilités génétiques » favorisent l’expression de la pathologie. En effet, il y a interaction complexe entre :

  1. facteurs génétiques (même si on estime que cela ne représente environ que 10% des personnes atteintes),
  2. facteur dit prédisposant : exposition à des pesticides, solvants et pollution de l’air tout au long de la vie
  3. et facteur dit déclencheur qui est souvent un choc émotionnel.

La piste de l’axe intestin-cerveau

Aujourd’hui, l’axe intestin-cerveau est de plus en plus étudié notamment du fait de la communication bidirectionnelle entre système nerveux entérique et le système nerveux central via le nerf vague qui échangent constamment des informations. En mai 2023, une équipe de chercheurs finlandais a mis en évidence que la bactérie intestinale Desulfovibrio, présente en grand nombre dans le microbiote des parkinsoniens, pourrait être impliquée dans l’apparition de la pathologie.

Votre naturopathe pourra vous guider pour prendre soin de votre flore intestinale. Car lorsque l’intégrité de la barrière intestinale est compromise, elle ne joue plus son rôle de gardienne et laisse passer dans la circulation sanguine bactéries et autres toxines.

Les pesticides sont également incriminés.

Depuis les années 2000, plus de 8 méta-analyses ont conclu que l’exposition aux pesticides double quasiment le risque de développer la maladie de Parkinson. Le gouvernement du Québec a reconnu en mars 2021 le Parkinson comme une maladie professionnelle pour les agriculteurs, les agronomes et les applicateurs de pesticides qui ont été exposés aux pesticides pendant plus de dix ans. Il était temps ! En France, la maladie de Parkinson est reconnue comme une maladie professionnelle chez les agriculteurs depuis 2013.

Que propose la médecine allopathique ?

Les traitements allopathiques visent à restaurer les fonctions de la dopamine dans le cerveau via la prescription de Levodoppa et d’autres médications. Les bénéfices sur les symptômes moteurs durent en moyenne entre trois à cinq années.

Les séances de kinésithérapie sont proposées dans certains cas. Il n’est cependant pas encore évident, à ma connaissance, de trouver des kinésithérapeutes formés aux enjeux de la maladie de Parkinson.

L’importance ici réside en le fait de ralentir la rigidité musculaire, de travailler sur le centre de l’équilibre qui a tendance à se déplacer vers l’avant et minimiser ainsi le risque de chute; entres autres. Selon l’évolution de la pathologie, la personne commencera un long parcours médical pour savoir si elle est éligible ou non à la neuro-stimulation profonde.

Qu’est-ce que peut offrir la naturopathie aux personnes qui cohabitent avec la maladie de Parkinson ?

La maladie de Parkinson étant une maladie chronique neurodégénérative, elle doit être prise en charge en complémentarité avec la médecine allopathique (neurologue et médecin de famille). Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que je vais nommer ici des points clés mais, dans la réalité, un accompagnement naturopathique complet et solide ne pourra être mis en place que lorsqu’une anamnèse complète aura été effectuée lors de la première consultation.

L’approche nutritionnelle

Lorsqu’il s’agit de pathologie chronique, la nutrition influence non seulement la santé mais également l’évolution de la maladie. On se rappelle la célèbre phrase d’Hippocrate : « Que ton alimentation soit ta meilleure médecine ». Autrement dit : de quoi le corps a-t-il besoin pour fonctionner de manière optimale au regard de la biochimie et de la physiologie humaine ?

Les aliments amènent à l’organisme les nutriments dont il a besoin. Encore faut-il qu’ils soient nutritifs et exempts de polluants. Malheureusement, notre mode de vie moderne fait qu’aujourd’hui l’alimentation est bien souvent inadaptée, industrielle, remplie de pesticides, de colorants alimentaires, d’additifs et de sucre raffiné. Cela participe sur le long terme à une inflammation de bas grade c’est-à-dire chronique; ce qui est un terrain propice à l’apparition de maladie. Bien évidemment ce n’est pas la seule cause.

L’une des premières choses que le naturopathe peut suggérer à son client est la mise en place d’une alimentation anti-inflammatoire et naturelle.

Voici les clefs d’une alimentation adaptée en cas de maladie de Parkinson

Choisir des aliments les plus naturels possibles et les moins transformés possibles : cela requière idéalement de cuisiner à la maison et de porter une attention particulière à la liste des ingrédients achetés

  • Favoriser les aliments biologiques, locaux et de saison
  • Aliments à privilégier : légumes, fruits, noix, aliments riches en fibres pour éviter la constipation qui est commune en cas de Parkinson, petits poissons, volaille, thé vert et noir, café avec modération
  • Aliments à éviter : produits laitiers (fromage, crème glacée, beurre), sucre raffiné, jus de fruits, gras saturés (friture, porc, bœuf et produits laitiers) et alcool.
  • Régime cétogène ou faible en glucides*

*Régime cétogène, que disent les études?

Une méta-analyse de 2021 a démontré que le régime cétogène pouvait améliorer les apprentissages et la mémoire en cas de Parkinson ou d’Alzheimer. Ce qui est particulièrement intéressant pour la maladie de Parkinson est la « confirmation des preuves préliminaires à l’appui des bénéfices sur l’humeur, la mobilité, et plus particulièrement sur la vitesse d’exécution et de traitement, de la douleur, des tremblements, de la rigidité ». Toutefois cette méta-analyse précise que des études supplémentaires sont nécessaires pour quantifier les effets du régime cétogène au-delà.

Enfin dans son livre intitulé « Alzheimer, Parkinson : le pouvoir thérapeutique du régime cétogène et de l’huile de coco » Docteure Mary Newport partage plusieurs témoignages de personnes qui cohabitent avec la maladie de Parkinson. Celles-ci ont vu des améliorations significatives et constantes dans leur qualité de vie avec le régime cétogène et/ou la consommation d’huile de coco.

Comme souvent en naturopathie, c’est une question de bon sens : nous cherchons ici à éviter une alimentation quotidienne pro-inflammatoire et consommer des aliments davantage associés à la neuroprotection. On prendra donc soin d’avoir une alimentation adaptée pour faciliter l’assimilation et la digestion des nutriments.

Qu’en est-il des compléments alimentaires ?

Laurie K. Mischley, docteure en naturopathie de Seattle aux États-Unis travaille sur la maladie de Parkinson et les thérapies naturelles depuis plus de vingt ans. Dans son livre « Natural therapies for Parkinson’s disease », elle rappelle que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ont un risque élevé de carence, dont la vitamine D, une déficience en vitamine B12 ainsi qu’une diminution des enzymes digestives. En 2021, elle a réalisé une étude sur une cohorte de 1081 parkinsoniens. Le but était d’évaluer l’impact d’une utilisation constante et régulière (au moins six mois) de compléments alimentaires sur la gravité des symptômes. Les résultats de cette étude suggèrent assez fortement que l’utilisation de la vitamine D, de la vitamine B12, de la vitamine C et d’Oméga-3 présente des associations significatives avec une diminution des symptômes.

Nous pouvons également suggérer :

  • l’acide alpha-lipoïque : un important antioxydant reconnu pour ses bénéfices sur les pathologies neurologiques,
  • la coenzyme Q10 : des études montrent une diminution de la progression de la maladie de Parkinson de 40%,
  • le glutathion : plus la diminution est importante dans le cerveau, plus les symptômes parkinsoniens sont sévères et plus vite la maladie progresse,
  • et la vitamine B6 : la conversion de L-dopa en dopamine requiert cette vitamine.

La phytothérapie ou l’utilisation des plantes médicinales.

Le Levodoppa est issue du pois mascate (Mucuna Pruriens). Il est utilisé depuis très longtemps en médecine ayurvédique pour contrôler les tremblements. Les plantes médicinales ont l’avantage de travailler en synergie et donc de générer moins d’effets secondaires contrairement aux médications allopathiques. Car on ne le rappelle jamais assez, qui dit naturel ne veut pas dire sans danger. Par exemple, le Kava kava est contre-indiqué en cas de maladie de Parkinson.

Cela étant dit, voici quelques plantes intéressantes pour notre propos ici :

  • le curcuma contient de la curcumine reconnue pour ses effets anti-inflammatoires. Il prévient la diminution du glutathion (antioxydant le plus puissant pour le cerveau humain), inhibe l’agrégation de l’alpha-synucléine, préserve la dysfonction mitochondriale et agit comme chélateur des métaux lourds
  • thé vert ou noir (Camellia Sinensis) sont des sources très riches en flavonoïdes; excellente source d’antioxydants. De plus, le thé vert diminuerait l’excès de fer souvent observé dans le cerveau des parkinsoniens. Or l’excès de fer peut entrainer la formation des radicaux libres et donc l’inflammation cérébrale
  • Ginkgo biloba participe à inhiber la production des radicaux libres impliqués dans le métabolisme de la dopamine. Il est cependant contre-indiqué en cas de prise d’anticoagulants et supplémentation en vitamine E
  • Romarin reconnu, entre autres, pour ses propriétés neuroprotectrices, augmente également les capacités de mémorisation.

Votre naturopathe, formé aux interactions entre médicaments, plantes et compléments alimentaires pourra, après une anamnèse complète, établir les recommandations appropriées à votre situation.

L’activité physique : un axe majeur dans l’évolution de la maladie ?

L’activité physique limite l’apparition de la maladie tout comme elle semble améliorer l’évolution de la maladie de Parkinson. Son bénéfice principal réside en l’amélioration des capacités musculaires et donc en la réduction de la rigidité musculaire. On prendra soin de recommander une activité physique adaptée à la personne visant à prévenir ou renforcer la:

  • Mauvaise posture
  • Diminution de l’amplitude des mouvements
  • Diminution de la force musculaire
  • Les déséquilibres et les chutes
  • Diminution de l’amplitudes des mouvements et de l’endurance

Parkinson Canada est une belle source d’inspirations. On retrouve dans les activités physiques adaptées aux parkinsoniens : le Qi Gong, yoga, tai-chi, golf, exercices de renforcement musculaire, nage, marche, vélo stationnaire ou encore jardinage.

La régularité de l’activité physique à raison de 30 minutes par jour minimum influe positivement sur la qualité de vie des personnes qui cohabitent avec Parkinson. Quoi qu’il en soit, il est essentiel de pratiquer une activité adaptée que vous aimez et que vous aurez plaisir à pratiquer régulièrement. Cela aura des effets positifs sur la santé mentale; un combo gagnant/gagnant dont il serait dommage de se passer.

Conclusion

La maladie de Parkinson est une pathologie neurologique chronique dont la constante évolution est malheureusement avérée. Il y a donc nécessité de proposer une approche intégrative pour que les personnes atteintes puissent bénéficier d’une prise en charge complète et holistique.

Le diagnostic et le suivi médical indispensables relèvent du neurologue et du médecin de famille qui sauront réalisés les actes médicaux nécessaires à l’établissement du diagnostic et établir les prescriptions médicamenteuses et/ou chirurgicales nécessaires.

En revanche, la naturopathie peut contribuer au mieux-être de la personne en intervenant au niveau des habitudes de vie et en proposant des outils naturels ciblés éprouvés par la science. Le rôle de votre naturopathe est de vous accompagner à optimiser votre bien-être physique et émotionnel pour une meilleure qualité de vie, regagner de la vitalité, et ce, dans une approche humaine et respectueuse de votre état de santé et de votre unicité.

En qualité de naturopathe/aromathérapeute en voie de diplomation, mon approche de la santé est multidisciplinaire, holistique et intégrative. Parce que la maladie de Parkinson met à l’arrêt beaucoup trop de vies, ensemble remettons du mouvement dans la prise en charge des Warriors qui cohabitent avec la maladie de Parkinson.

Références sur demande

Tiphanie Rossato

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