La prostate est une glande de l’appareil reproducteur masculin. Elle entoure la partie de l’urètre située juste en dessous de la vessie et au-dessus des muscles du plancher pelvien.
La prostate, un organe clef de la santé masculine
Elle participe à la production du liquide séminal qui transporte et nourrit les spermatozoïdes. De plus, la capacité d’éjaculer avec force dépend des muscles de la prostate. Elle intervient aussi dans le métabolisme des hormones sexuelles. Ainsi, c’est au niveau de la prostate que la testostérone est transformée en une forme biologiquement active appelée DHT*.
*La dihydrotestostérone (DHT) est une hormone qui stimule le développement des caractéristiques masculines à la puberté (barbe, pilosité corporelle). Or, une surproduction de DHT stimule la croissance de certaines cellules de la prostate.
Prévalence des troubles de la prostate
Chez les hommes après 50 ans, les troubles de la prostate sont fréquents. Ils touchent 90 % des hommes à l’âge de 70 ans. Les problèmes les plus communs sont :
- L’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) : une hypertrophie de la glande non cancéreuse. Elle toucherait plus de 50 % des hommes âgés de 60 ans. Et 90% des hommes de 80 ans.
- Le cancer de la prostate : le 2e cancer le plus répandu chez l’homme, après le cancer du poumon. Il apparaît rarement avant l’âge de 50 ans. Il serait plus fréquent dans les pays développés. Nos modes de vie seraient-ils en cause ? Le cancer de la prostate a un bon pronostic. C’est-à-dire que diagnostiqué à un stade précoce, le taux de réussite des traitements est très élevé.
- La prostatite : un gonflement et inflammation de la glande.
Les hommes aux prises avec un trouble de la prostate peuvent présenter des symptômes tels que :
- Besoin d’uriner plus fréquemment
- Se lever plusieurs fois pendant la nuit pour uriner
- Débit urinaire faible
- Présence de sang dans l’urine ou le sperme ⚠ Consulter votre médecin
- Douleur ou brûlure lors de la miction ou de l’éjaculation ⚠ Consulter votre médecin
- Douleur ou raideur dans le bas du dos, les hanches, la région pelvienne ou rectale, ou le haut des cuisses ⚠ Consulter votre médecin
Dans le doute, consultez un médecin. Sans nécessairement penser à un cancer, l’HPB peut amener certaines complications telles que infections urinaires, calculs urinaires et rétention aiguë d’urine dans la vessie.
Diagnostic médical
Votre médecin a peut-être déjà demandé le dosage sanguin du PSA (ou APS : Antigène Prostatique Spécifique). Cette analyse donne une indication sur l’augmentation de volume de la prostate. Un taux de PSA supérieur aux valeurs normales est le signe d’une anomalie au niveau de la prostate. Or, le taux de PSA a tendance à augmenter naturellement avec l’âge. Il est donc indispensable de lui associer un toucher rectal. Ce dernier permet au médecin d’évaluer la taille et la consistance de la prostate, et ainsi constater la présence éventuelle d’une anomalie. En cas de suspicion d’un cancer, une biopsie sera prescrite ou une échographie de la prostate pour révéler la présence ou non d’un cancer.
Comment diminuer vos risques de développer ce genre de dysfonctionnement ?
L’alimentation, la supplémentation ciblée et les saines habitudes de vie en général peuvent influencer favorablement la santé de la prostate.
Si aucun type d’alimentation ne peut garantir la santé de la prostate, l’alimentation souvent décrite comme « anti-inflammatoire» offre un avantage énorme pour la prostate, et à d’autres niveaux aussi. Cette alimentation fait la part belle aux aliments de qualité non transformés naturellement riche en antioxydants variés.
Le menu antiinflammatoire repose sur :
- une abondance de végétaux : légumes et fruits colorés, noix et graines, légumineuses,
- des grains céréaliers entiers,
- des sources de bons gras variés et de bonne qualité,
- des protéines variées: animales et végétales,
- et des sources de glucides denses nutritionnellement, consommés avec modération : les légumes racines principalement. Les gâteries sucrées sont donc consommées de façon occasionnelle.
L’alimentation de type méditerranéenne remplit l’ensemble de ces critères.
Voici la pyramide de la diète méditerranéenne pour vous donner une idée :
Misez sur ces aliments clefs
La recherche a aussi démontré que certains aliments, plantes et nutriments sont particulièrement intéressants pour la prévention (1)
En voici quelques-uns :
✅Le thé vert :
Les catéchines du thé aideraient à réguler la production de DHT et de PSA, réduisant les risques de développer une HPB. Ses effets antibactérien et astringent peuvent aussi diminuer les risques d’infection de la vessie. Boire entre 3 et 5 tasses par jour.
Il existe aussi des suppléments de thé vert qui semblent efficaces. (2)
✅Les légumes crucifères :
Les hommes qui consomment des crucifères ont typiquement un risque plus bas de développer un cancer de la prostate (3)
Crucifères : les choux de Bruxelles, choux, brocoli
✅ Le lycopène des tomates :
C’est bien connu, une plus grande consommation de lycopène, présent dans les tomates cuites (pas crues), est associée avec une réduction du risque. La cuisson augmente la biodisponibilité du lycopène. (4) (5)
✅ Les petits poissons gras :
Certaines études tendent à montrer que les acides gras de type oméga 3 EPA et DHA, présents dans les poissons gras (sardines, maquereaux, anchois, hareng, saumon sauvage), sont anti-inflammatoires, réduisant le risque. (6)
✅ Le palmier nain (saw palmetto) :
Cette plante est très intéressante pour soulager les symptômes de l’HPB. Une revue systématique et une méta-analyse de 2020 ont comparé l’impact de la prise de palmier nain par rapport au traitement pharmacologique tamsulosin. Les chercheurs ont conclu à une efficacité équivalente au médicament (7) pour:
- l’amélioration de la qualité de vie,
- du flux urinaire,
- de la vidange de la vessie,
- et du taux de l’PSA
✅L’ortie piquante (urtica dioica, racine): En phytothérapie, on utilise les feuilles et les racines d’ortie. Concernant la santé de la prostate, c’est la racine d’ortie qui nous intéresse. Elle pourrait réduire l’apparition ainsi que les symptômes de l’hyperplasie bénigne de la prostate. Elle semble améliorer le flux urinaire, aide la vidange de la vessie et atténue la plupart des symptômes courants de la prostate (urgence à uriner). (8)(9) Elle agirait en :
- réduisant la sensibilité des récepteurs androgéniques,
- en se liant aussi à la SHBG (globuline se liant aux hormones sexuelles),
- et en inhibant l’enzyme aromatase, diminuant ainsi la production d’œstrogènes.
Pour une prostate en santé : évitez ces aliments
La recherche a aussi démontré que certains types d’aliments ou de nutriments pouvaient avoir un effet négatif sur la santé de la prostate. Gardons à l’esprit tout de même que c’est l’alimentation dans son ensemble qui compte.
❌Les glucides à index glycémique élevé :
Oui, vous les connaissez bien, ce sont les aliments sucrés et les glucides raffinés :
- Le riz blanc, la farine blanche, les céréales raffinées, les pâtisseries
- Les sodas, le jus et autres boissons sucrées.
Ces aliments provoquent des hausses importantes et rapides du taux de sucre dans le sang. Il est reconnu que l’hyperglycémie favorise l’inflammation. De plus, ces aliments, en augmentant les niveaux d’insuline, stimulent la production et la sécrétion d’hormones stéroïdes sexuelles contribuant fortement au développement du cancer de la prostate.
Deux méta-analyses de 2015 et 2020 ont établi un lien entre la consommation de glucides à index glycémique élevé et l’incidence plus grande du cancer de la prostate. (10) (11)
❌Les aliments frits ou grillés :
Vous vous en doutiez…Les aliments frits comme les beignes, le poulet frit et les frites, ou les viandes grillés sur le BBQ, peuvent être liés à un risque plus élevé de cancer de la prostate. (12). Des produits potentiellement cancérigènes, tels que les amines hétérocycliques et les hydrocarbures aromatiques polycycliques, peuvent se former dans l’huile lorsqu’elle est chauffée à haute température (13).
❌Les produits laitiers :
Dans l’ensemble, une alimentation riche en produits laitiers (lait, fromages, yogourt) peut augmenter le risque de cancer de la prostate. Cela s’expliquerait par le fait que le lait provoque l’augmentation du facteur de croissance analogue à l’insuline (IGF), facteur jouant un rôle dans le développement du cancer. (14). La consommation accrue de produits laitiers riches en gras est également associée à un risque plus élevé d’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) (15).
❌ Les aliments épicés :
Dans une enquête menée auprès d’hommes atteints de prostatite chronique, 47 % ont déclaré que la consommation d’aliments épicés, de piments forts et de piments a aggravé leurs symptômes. Les aliments épicés peuvent légèrement irriter la vessie et la prostate, exacerbant les symptômes (16)
❌L’alcool :
La consommation d’alcool au cours de la vie peut augmenter considérablement le risque de développer un cancer avancé. Selon une étude, les hommes qui buvaient au moins sept verres par semaine entre 15 et 49 ans avaient un risque trois fois plus élevé de développer un cancer de la prostate de haut grade que les hommes qui ne buvaient pas (17)
❌L’excès de sel :
Un apport élevé en sodium peut parfois augmenter les symptômes des voies urinaires typiques de l’HBP. Suivre un régime pauvre en sodium (en évitant les aliments transformés et en utilisant la salière avec modération) peut donc être utile pour certains hommes. Cependant, le sodium est un nutriment essentiel (il fait partie des électrolytes) qui aide le corps à équilibrer son niveau d’eau. C’est pourquoi une restriction extrême en sodium n’est pas recommandée.
❌L’excès de gras saturés :
L’apport total en gras ne semble pas lié au risque de cancer de la prostate, et les gras sains tels que les acides gras oméga-3 semblent être bénéfiques. Cependant, une consommation élevée de gras saturé (présents dans les produits laitiers entiers et les produits animaux gras) a été associée à un risque plus élevé de cancer de la prostate avancé (18). Cependant, les graisses saturées ont souvent été trop décriées mais elles ne sont pas les démons qu’on décrit parfois (19). Consommer des graisses saturées est tout à fait acceptable et en fait essentiel; c’est juste l’excès qui pose un problème. Retenez que les gras alimentaires, c’est une question d’équilibre.
Habitudes de vie saines
Conservez une composition corporelle saine
L’obésité et le syndrome métabolique* ont été associés à un risque accru d’HBP dans des études observationnelles. (20). Pour retrouver un poids plus santé, faîtes-vous accompagner par des professionnels compétents.
*Le syndrome métabolique est caractérisé par une combinaison de marqueurs de risque favorisant l’apparition de maladies chroniques :
o résistance à l’insuline,
o lipides sanguins anormaux,
o hypertension artérielle
o tour de taille élevé
Soyez physiquement actif
L’exercice physique peut réduire les risques de développer une HBP. Bouger pourrait aussi ralentir la progression d’un cancer au stade précoce. (21)
Recommandations :
- 150 à 300 minutes d’exercices aérobiques d’intensité modérée
- ou 75 à 150 minutes d’exercices aérobiques d’intensité vigoureuse
- et deux séances d’exercices de résistance par semaine pour améliorer les facteurs de risque associés à un risque accru d’HBP (22)
Des suppléments ciblés
Le meilleur moyen d’obtenir les nutriments dont vous avez besoin est de les absorber par le biais de l’alimentation. Toutefois, dans certaines situations, il est judicieux d’ajouter des suppléments ciblés et ce avec discernement. Demandez conseil à votre naturopathe agréé.
Une multivitamine de qualité ciblée pour hommes permet de combler les carences en micronutriments si fréquentes actuellement :
- Une formulation sans fer est suggérée, car la plupart des hommes n’en ont pas besoin (à condition que l’alimentation comporte suffisamment de sources de fer hémique, le mieux absorbé par le corps)
- Un produit sans trop de calcium (500 mg ou moins), car il existe des preuves d’un lien entre une supplémentation excessive en calcium et un risque accru de cancer de la prostate tel que discuté plus haut.
Un supplément d’huile de poissons :
C’est presque toujours une suggestion que je fais pour fournir à votre corps les acides gras essentiels (oméga-3) EPA et DHA. Comme nous l’avons vu précédemment, les oméga-3 contribuent à réguler l’inflammation. De plus, ils aident à prévenir/renverser les troubles cardiométaboliques et à améliorer les marqueurs associés au syndrome métabolique.
Un supplément de palmier nain (serenoa repens), de racine d’ortie (urtica dioica) et de lycopène pour les raisons mentionnées précédemment.
Un supplément de vitamine D:
La vitamine D est impliquée dans la modulation du système immunitaire et de la prolifération cellulaire. Les études s’accumulent démontrant les bénéfices de la vitamine D pour prévenir les cancers. (23)
Si sa supplémentation au Québec de octobre à mai est un incontournable, s’exposer «intelligemment» au soleil demeure la meilleure façon de fabriquer sa propre vitamine D. (24)
Un supplément de zinc :
Un manque de zinc pourrait augmenter le risque de développer un HPB. Le zinc permettrait de diminuer la production de DHT et donc de réduire les symptômes associés.
N.B. : Plusieurs marques proposent des formules ciblées de soutien de la prostate contenant plusieurs des ingrédients ci-dessus. Ceci permet de faciliter la prise tout en créant une synergie entre les nutriments et en réduisant le nombre de capsules à prendre au quotidien.
Pour finir, faites-vous suivre régulièrement par un.e naturopathe et votre médecin.
C’est un tandem gagnant pour la prévention et, le cas échéant, pour s’occuper de symptômes plus sérieux.
Références:
(1) https://www.health.harvard.edu/staying-healthy/foods-that-fight-inflammation
(2) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28353571/
(3) http://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22121852/
(4) http://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29317772
(5) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28440323
(6) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29661588/
(7) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32274957/
(8) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3589769/)
(9)https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10058027
(10) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25693843/
(11) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31184513/
(12) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26114920
(13) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23335051/
(14) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25527754
(15) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18070188/
(16) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23978369/
(17) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30139875/
(18) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23549401/
(19) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26746178/
(20) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27147135/
(21)https://www.health.harvard.edu/mens-health/3-ways-exercise-helps-the-prostate-yes-the-prostate
(22) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27147135/
(23) https://www.grassrootshealth.net/blog/roles-vitamin-d-cancer-prevention/