L’intestin en conscience

par | Habitudes de vie

Vous sentez-vous parfois anxieux?
Rassurez-vous, vous êtes loin d’être seul. L’anxiété, le stress et les préoccupations font désormais partie du quotidien de beaucoup d’entre nous.

Mais comment expliquer ce lien si étroit entre nos émotions et notre corps?
La recherche révèle de plus en plus de connexions entre la digestion, le microbiote et l’anxiété. Une flore intestinale déséquilibrée pourrait favoriser l’anxiété… mais, à l’inverse, l’anxiété pourrait aussi perturber notre microbiote. Un véritable casse-tête de l’œuf ou de la poule!

Dans cet article, nous explorerons les liens fascinants entre l’intestin et le cerveau. Vous verrez comment le stress influence directement notre digestion, et comment certains troubles digestifs trouvent parfois leur origine dans l’anxiété.

 

L’axe intestin- cerveau

Le système de communication entre l’intestin et le cerveau est appelée “axe intestin-cerveau”. Cette communication bidirectionnelle permet à l’intestin d’envoyer des signaux biochimiques au cerveau et d’en recevoir de ce dernier. Le cerveau va notamment moduler la motricité et les sécrétions du tube digestif. Ce processus implique le système nerveux autonome via le nerf vague et le système nerveux entérique. Autonome, oui, mais en gardant un dialogue permanent avec notre système nerveux central (SNC).

 

L’impact du stress et des émotions sur l’axe intestin-cerveau

Les aléas de la vie trépidante nous donnent souvent une surcharge de tension émotionnelle qui se traduit dans notre corps, d’où la notion du psychosomatique. Ainsi, un état émotionnel tel que le stress peut être relayé du système nerveux central (SNC) vers le système nerveux entérique (SNE), et déséquilibrer le fonctionnement de nos organes digestifs. Cela peut induire des manifestations gastro-intestinales, allant des douleurs abdominales aux lourdeurs digestives jusqu’à la diarrhée. En effet, il n’est pas rare de voir des personnes prises de diarrhée ou d’envie d’aller à la selle de façon répétitive coïncidant avec des moments hauts en émotions ou stressants…!

Le stress a donc un rôle non négligeable dans la maladie dans la mesure où le stress est capable de modifier la motricité (ralentissement de la vidange gastrique, accélération du transit intestinal) les sécrétions digestives, de baisser le seuil de sensibilité abdominale, d’augmenter la perméabilité intestinale et de modifier l’immunité. Car chaque partie de notre corps est reliée au système nerveux.

 

Stress et maladies digestives

Il est rapporté dans les revues Digestive Diseases 2008; 26 et Am. J. Pathol. 2006, que le dysfonctionnement de l’axe cerveau intestin induit par le stress peut conduire au développement d’un large éventail de maladies gastro-intestinales comme le reflux gastro-œsophagien, l’ulcère gastroduodénal, le syndrome du côlon irritable et même les allergies alimentaires !

Inversement, un nombre croissant de travaux suggèrent que certaines pathologies neurologiques, notamment les maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson, pourraient avoir une origine intestinale : elles affecteraient initialement le SNE avant de progresser vers le SNC.

Parmi les maladie digestives reflétant un dysfonctionnement des relations entre le cerveau et la digestion, on retrouve essentiellement le syndrome de l’intestin irritable, une hypersensibilité abdominale, les maladies inflammatoires de l’intestin, la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique comme analysé dans le Journal Physiol Pharmacol 2003.

 

Nous devrions même parler d’axe microbiote-cerveau-intestin

L’axe cerveau-intestin a une action à double sens entre l’axe cerveau-intestin et le microbiote intestinal. L’enchevêtrement entre le microbiote intestinal, le système immunitaire et l’axe cerveau-intestin joue un rôle important dans la modulation de la réponse au stress de l’intestin dans le contexte du développement de différents troubles intestinaux comme publié dans la Natural Rev. Gastroenterol. Hepatol. 2009.

Dans la revue Trends Mol. Med. 2016, il est clairement rapporté que l’usage d’antibiotique, salvateur dans certains cas, peut, lorsque pris de façon répétitive, provoquer une chute du nombre et de la variété du microbiote, la flore bénéfique intestinale.

Il est connu que les enfants nés par césarienne ont une flore moins riche que les enfants nés par voie naturelle avec une prévalence accrue face aux allergies, l’asthme et l’eczéma. Le passage vaginal du nouveau-né permet de coloniser, de construire ce microbiote essentiel à notre équilibre, notre immunité, notre santé physique et psychique.

Psychobiotiques

Les psychobiotiques désignent des probiotiques ou des prébiotiques qui exercent un effet favorable sur la santé mentale via l’axe intestin-cerveau. Ils peuvent contribuer à atténuer le stress, améliorer l’humeur et optimiser les fonctions cognitives par plusieurs mécanismes :

  • neural (par ex. modulation des neurotransmetteurs, activation du nerf vague), immunitaire (réduction de l’inflammation, modulation des cytokines),
  • hormonal (notamment l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien),
  • et métabolique (production de métabolites microbiens comme les acides gras à chaîne courte).

Santé Canada autorise des allégations thérapeutiques de certains types de probiotiques pour agir sur la stabilisation des émotions. C’est dire comment la recherche a évolué. Une revue systématique très récente a d’ailleurs été publiée en juin 2025 dans la revue Nutrients démontrant l’impact positif des psychobiotiques sur la dépression :  Śliwka A and al Psychobiotics in Depression: Sources, Metabolites, and Treatment-A Systematic Review.

Nous n’avons pas fini d’en entendre parler sous le nom de psychobiotiques car l’action se répercute sur la sphère psychologique et les personnes soumises aux inconvénients du stress, de l’anxiété, de la dépression et des maladies psychiatriques en bénéficient. Comme rapporté dans le numéro de juin 2013 du Biological Psychiatry.

 Solutions

En ayant ces connaissances en tête voici ce que vous pouvez faire pour favoriser l’équilibre de l’axe microbiote-cerveau- intestin :

  • Apprenez à mieux gérer votre stress. Et cela se fait d’abord et avant tout en apprenant à respecter VOS besoins et VOS limites. Vous pourriez faire tous les cours de yoga du monde, pratiquer des respirations profondes et prendre des plantes nervines, mais si cela vous amène à en faire toujours plus, toujours trop, votre axe microbiote-cerveau-intestin demeurera déséquilibré!
  • Mettez en place des techniques de gestion du stress.
  • Amenez du mouvement dans votre quotidien. Il est démontré que l’activité physique régulière contribue à l’équilibre.
  • Prenez soin de votre sommeil. C’est primordial.
  • Clairement, faites une évaluation des liquides qui sont bus, passez en revue vos habitudes alimentaires et les corriger au besoin avec votre professionnel de la santé.
  • Supportez le microbiote avec des probiotiques et prébiotiques, mais aussi en consommant des aliments fermentés comme le yogourt, le miso ou les légumes lactofermentés.
  • Les suppléments qui agissent sur le support du système nerveux et les intestins seront primordiaux. Pensons à la phytothérapie avec des plantes telles que la camomille, le basilic sacré, la verveine, l’artichaut, la mélisse…
  • Parlez-en avec votre naturopathe préféré.

Apprenez à augmenter la conscience de votre corps, à être à l’écoute et unis entre le corps et l’esprit!

 

Bonne santé!

Cyril Meyre ND.A.

Cyril Meyre, ND.A.

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