Bien que socialement acceptée et largement répandue, la consommation d’alcool a des effets complexes et variés sur l’organisme, affectant de multiples systèmes corporels. Cet article vise à éclairer sur les mécanismes par lesquels l’alcool affecte le corps, en détaillant son métabolisme et ses effets, tant aigus que chroniques.
Métabolisme de l’alcool
Bien que son absorption débute au niveau de la muqueuse buccale, et ensuite de l’estomac, l’alcool est principalement absorbé au niveau de l’intestin grêle.
Une partie de l’alcool (10 %) est éliminée telle quelle, soit sous une forme inchangée par l’urine et la sueur, mais aussi par l’air expiré via les poumons.
Cela dit, le foie est de loin le principal organe de transformation de l’alcool, mais ne peut neutraliser qu’une quantité limitée d’alcool en un laps de temps donné. Entre-temps, l’excédent d’alcool modifie la fonction de chacune des cellules du corps humain.
Nourriture et alcool
Si l’estomac et l’intestin ne contiennent pas de nourriture solide, l’alcool entre plus rapidement en contact avec les parois intestinales et il est vite absorbé dans le sang. En effet, si l’estomac était vide au préalable, le taux d’alcoolémie à la suite à une consommation atteint son apogée 30 minutes plus tard. Par contre, si l’estomac est relativement plein, l’alcool y séjourne plus longtemps, retardant ainsi le pic d’alcoolémie jusqu’à 90 minutes après la consommation de la boisson alcoolisée.
Effets de la consommation d’alcool (liste non-exhaustive)
DIMINUTION DE L’ACTIVITÉ CÉRÉBRALE: L’alcool réduit l’activité cérébrale entraînant une diminution de la vigilance.
ANXIÉTÉ: Nous croyons souvent à tort que le cortisol, l’hormone sécrétée en cas de stress, est seulement présente dans les situations de stress psychologique. Au même titre que l’exercice physique intense ou la famine (jeûne prolongé), l’alcool est un énorme stresseur pour le corps (ne pas oublier qu’il est perçu comme une substance toxique par celui-ci). Les lendemains de veille, le cortisol coule donc à flot dans le sang, et résultat, nous nous sentons anxieux sans savoir pourquoi. Ce phénomène est désormais désigné par le terme «hangxiété», contraction de «hangover» et «anxiété».
DÉPRIME: C’est un phénomène normal suite à une consommation d’alcool puisqu’à ce moment, le corps est amené à libérer plus de dopamine, une substance chimique présente dans le cerveau qui est associée au plaisir et à la motivation (ligne fragile vers la dépendance). Le problème réside dans le fait qu’à chaque verre consommé, on demande au cerveau de relâcher encore plus de dopamine. Le lendemain, cela a pour résultat de nous laisser avec des réserves de dopamine basses, entraînant un sentiment de déprime. La demande a excédé les capacités du corps à fournir la production.
NAUSÉES: Plusieurs raisons expliquent pourquoi l’alcool peut être responsable de nausées ;
- L’alcool irrite fortement la muqueuse de l’estomac, ce qui le rend plus sensible.
- Lorsque le taux d’alcoolémie (taux d’alcool dans le sang) monte, le corps lance l’alerte danger. Dans le but de nous protéger, il met en place un système rapide et efficace : vomir pour se débarrasser de la substance toxique.
- La partie du cerveau qui contrôle les vomissements, appelée centre du vomissement, est touchée en raison de l’alcool et de l’acétaldéhyde qui circulent dans le système sanguin.
Un état d’inflammation hépatique (hépatite), ou de surcharge hépatique peut provoquer des nausées. La consommation d’alcool serait comme de mettre de l’huile sur le feu.
DÉSHYDRATATION: Lorsque l’on consomme de l’alcool, cela affecte la glande pituitaire du cerveau, et ainsi l’hormone vasopressine/ADH est inhibée. Cela signifie que la réabsorption d’eau dans le corps est considérablement réduite. L’eau passe donc « tout droit » et provoque un besoin de devoir aller uriner fréquemment. C’est ce qu’on appelle une substance diurétique. Dans l’urine viennent aussi les électrolytes. Sans minéraux, notamment le sodium, la rétention d’eau est impossible. Des symptômes de déshydratation apparaissent donc : maux de tête, bouche sèche, crampes musculaires, étourdissements, fatigue, etc.
SOMMEIL: Sentiment de dormir comme un bébé les soirs où vous avez bu? En fait, les études démontrent que les ondes cérébrales sous l’influence de l’alcool ressemblent plutôt à une forme d’anesthésie légère (l’alcool est considéré comme un sédatif). La nuit se retrouve donc ponctuée de réveils fréquents (conscients ou non), et d’une qualité qui est nettement moins intéressante comparativement au sommeil lorsque l’organisme est à jeun.
SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE: Aussi peu qu’une ou deux consommations peuvent avoir un effet sur le rythme cardiaque, la pression artérielle, la circulation sanguine et les contractions du muscle cardiaque. En entraînant une vasodilatation, l’alcool peut provoquer des rougeurs et un sentiment de chaleur à la surface de la peau. D’où l’expression « être chaud » utilisée lorsqu’une personne est à un stade avancé de consommation d’alcool.
GLYCÉMIE: La consommation d’alcool cause une augmentation subite du taux de sucre dans le sang, et le pancréas répond à cette hausse en augmentant sa production d’insuline. Surveillez les signes d’hypoglycémie, notamment les envies d’aliments riches en glucides en fin de soirée arrosée.
TRANSIT INTESTINAL: Via ses effets sur l’équilibre hydrique et électrolytique, mais aussi en raison d’irritation sur la muqueuse intestinale et de son impact sur le microbiote, l’alcool peut provoquer des troubles gastro-intestinaux, notamment des selles plus liquides.
Effets chroniques de la consommation d’alcool à surveiller (liste non-exhaustive)
FOIE: Si le foie est forcé de neutraliser l’alcool de façon continue, les cellules hépatiques peuvent être détruites ou altérées, entraînant des dépôts graisseux (stéatose hépatique) et des problèmes plus graves, comme l’inflammation (hépatite alcoolique) et/ou la formation de tissus cicatriciels permanents dans le foie (cirrhose). Le cancer du foie peut aussi survenir à cause d’une maladie du foie due à l’alcool. Plus des trois quarts des cellules du foie peuvent cesser de fonctionner avant qu’on note des symptômes.
COEUR: L’alcool peut causer des troubles du rythme cardiaque, l’hypertension et la cardiomyopathie.
SYSTÈME DIGESTIF: Irritation et inflammation du tube digestif, notamment gastrite et pancréatite, dysbiose, d’hyperperméabilité intestinale.
PROBLÈMES NEUROLOGIQUES ET TROUBLES DE SANTÉ MENTALE: L’alcool peut causer des dommages au système nerveux, y compris l’atrophie cérébrale, les troubles cognitifs, et un risque accru de démence. L’anxiété et la dépression sont également à surveiller.
Dépendance
L’alcool augmente temporairement les niveaux de dopamine, contribuant au sentiment de plaisir et de récompense associé à la consommation d’alcool, mais avec une utilisation répétée, les niveaux de dopamine peuvent diminuer, conduisant à une dépendance.
De plus, lors de consommation régulière d’alcool, l’organisme devient tolérant à ses effets, nécessitant des quantités croissantes de la substance pour obtenir les mêmes effets. Lorsque l’alcool est absent, des symptômes de sevrage peuvent se manifester, tels que l’anxiété, les tremblements, l’insomnie, etc.
Cet article met en lumière les nombreux impacts, à court et long termes, de l’alcool sur notre santé, tout en invitant à une réévaluation constructive de notre approche culturelle envers cette substance couramment minimisée. Il est encourageant de constater l’élan de conscientisation autour de notre consommation d’alcool, grâce à l’avènement d’initiatives variées : le mouvement du “Dry January” ou encore le défi 28 jours sans alcool en février, l’engouement pour les mocktails, et les campagnes éducatives menées par des organisations telles qu’Éduc’alcool. Ces efforts collectifs ouvrent la voie à un dialogue plus sain et une attitude plus équilibrée vis-à-vis de l’alcool.