Sautes d’humeur, rages de sucre et sérotonine : quel est le lien?
Quel est le lien entre vos émotions, la tendance aux rages de sucre et la sérotonine ? Il s’agit de la MAO, le gène contrôlant la monoamine oxydase A.
Vous verrez à travers cet article l’influence de ce gène dans la biochimie du cerveau. Nous verrons également comment optimiser le fonctionnement de ce gène.
Stabilité émotionnelle et MAO
Le gène MAO est un gène de première importance pour assurer la stabilité émotionnelle. En fait, ce gène contrôle l’enzyme qui aide à inactiver deux neurotransmetteurs d’importance : la dopamine et la noradrénaline. Ceux-ci ont pour rôle de s’assurer que l’organisme répond correctement au stress. Le gène MAO aide également à inactiver la sérotonine, le neurotransmetteur qui permet à un individu de garder son calme et d’être optimiste dans la vie. Il faut savoir qu’il y a deux profils types de MAO : le profil rapide et le profil lent.
Quand le métabolisme est rapide :
cette enzyme élimine rapidement la noradrénaline, la dopamine ainsi que la sérotonine, amenant une diminution de ces neurotransmetteurs dans le cerveau. Ceux qui sont aux prises avec un métabolisme trop rapide de MAO sont continuellement ballotés par des rages de sucre et de chocolat. Ils ressentent le besoin fréquent d’un petit « boost » pour vaquer à leurs occupations. Ces personnes sont plus à risque de développer des problèmes de déficit d’attention, de dépression, de dépendance dont l’alcoolisme, de l’insomnie et un besoin de manger en pleine nuit pour se rendormir.
À l’opposé, quand le métabolisme est trop lent :
cette enzyme élimine plus lentement la noradrénaline, la dopamine ainsi que la sérotonine. Si une personne n’est pas en situation de stress, elle sera plus alerte, attentive, énergique, productive, et elle aura une bonne confiance en soi. Mais si elle se retrouve avec un surplus de ces neurotransmetteurs dans l’organisme, les symptômes prendront la forme de difficulté d’endormissement, de réflexes vifs, de maux de tête, d’irritabilité, de sautes d’humeur, d’anxiété prolongée, de rage, de comportement agressif, de tendance à retenir sa respiration et de difficulté à se détendre.
Les rages de sucre et le stress
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles une personne peut être attirée par les glucides lorsqu’elle est stressée. Celle d’intérêt ici est le gène qui contrôle la MAO. Cette enzyme régule la sérotonine qui elle-même dépend en partie pour sa production des apports en l’acide aminé tryptophane, son précurseur. Cet aminé se retrouve beaucoup dans les glucides. On en retrouve aussi dans les protéines, mais celui-ci ne passe pas aussi facilement la barrière hémato-encéphalique du cerveau. Pour cette raison, les individus en manque de sérotonine ont tendance à rechercher ce nutriment dans les sucres pour une utilisation immédiate.
Il faut savoir que le tryptophane peut être utilisé de deux façons en fonction de la situation. Si la personne est détendue et qu’il y a peu d’inflammation dans le corps, le tryptophane est converti en sérotonine, ce que l’on recherche. Cependant, si la personne est stressée ou souffre d’inflammation, le tryptophane est plutôt transformé en d’autres substances dont le NAD+ et l’acide quinolinique. Cette dernière est une substance neurotoxique pouvant affecter la biochimie du cerveau. Plutôt que de servir à la synthèse de sérotonine, la dégradation du tryptophane est ainsi détournée. L’individu se sentira alors déprimé, il sera plus attiré vers les sucres rapides et le chocolat et pourra présenter des troubles du sommeil.
Stabilité émotionnelle : les solutions à notre portée
Pour soutenir la MAO, plusieurs pistes s’offrent à nous.
Pour assurer un fonctionnement optimal de la MAO certains nutriments sont essentiels, notamment le tryptophane et la riboflavine (vitamine B2). Plusieurs autres nutriments sont nécessaires dont la B3, la B6 et le magnésium.
Du côté de l’alimentation :
- Viser l’équilibre de l’assiette. Manger des repas équilibrés riches en légumes, incluant des sources de protéines et des glucides lents.
- Respecter les signes de la faim. Ne pas attendre d’être affamé avant de manger.
- Intégrer de bons gras pour aider à équilibrer les neurotransmetteurs : jaune d’œuf, petits poissons gras, noix et graines, avocat, huiles végétales de première pression à froid.
- Limiter la consommation de sucre et d’aliments préparés.
- Augmenter la consommation d’aliments riches en tryptophane et en riboflavine.
Aliments riches en tryptophane | Aliments riches en riboflavine (B2) |
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Du côté de la gestion du stress :
- Pratiquer des techniques pour diminuer le stress, comme la respiration consciente et la méditation.
- Être actif physiquement régulièrement.
- Revoir ses priorités et ses attentes. Sont-elles réalistes? Sont-elles alignées avec nos valeurs?
- S’allouer suffisamment de repos. Faire des pauses en journée pour permettre aux hormones du stress de se rééquilibrer.
Du côté des suppléments :
- Un complexe B
- Du magnésium
- Le 5-HTP est un bon choix pour aider à remonter le niveau interne de MAO
- L’inositol régularise la sérotonine et améliore l’humeur.
- La mélatonine peut aider temporairement à dormir dans une situation de déficience en sérotonine. Et nous savons quelle a des effets anti-inflammatoires.
- Les plantes anti-inflammatoires, dont le curcuma ou la camomille allemande, peuvent aussi être d’un grand secours pour diminuer l’inflammation et ainsi éviter le vol du tryptophane.
Toutefois, avant de suggérer quelconque produit ou supplément à quelqu’un, assurez-vous d’avoir les connaissances nécessaires. Dans une perspective de travailler de façon intégrative, référez votre client au bon spécialiste au besoin. De plus, il est évident que le problème derrière la dépression n’est pas une simple question de déficience en sérotonine ou en vitamines du groupe B.
Finalement, gardez en mémoire que les habitudes de vie influencent la biochimie du cerveau. Les plus grandes influences sur notre santé viennent de chacune des décisions journalières que nous prenons concernant notre diète et notre mode de vie. Celles-ci permettront ou non d’optimiser le fonctionnement de nos gènes pour la vie.
RÉFÉRENCES
- LIPTON, Bruce H. Ph.D. The biology of belief, Mountain of love/Elite books, 2005.
- LYNCH Ben Dr. Dirty genes, Harper Collins publishers, New York, 2018.
- 3.http://www.ch-sainte-anne.fr/Actualites/Dans-lesmedias/Decouverte-d-un-nouveau-mecanisme-biologique-de-ladepression
- 4.https://www.dramyyasko.com/wp-content/files_flutter/1327512160_9_1_1_8_pdf_02_file.pdf